Transport de vélos: les CFF l’emportent
Grâce à l’augmentation de l’offre et à l’amélioration de l’application mobile, les CFF sont avec la SNCB belge, classés meilleure compagnie européenne pour le transport des vélos sur les trains longue distance – sur un total de 67 compagnies étudiées. PRO VELO ne relâchera pas la pression pour combler les lacunes encore existantes.

«Cyclists love trains» - «les cyclistes aiment les trains», proclame le titre du rapport publié le 10 juin 2025 sur l’accessibilité aux vélos de 67 compagnies européennes. Mais, pour les personnes qui pédalent, l’impression domine bien souvent que les compagnies ne les apprécient pas particulièrement… C’est aussi le cas en Suisse, même si des progrès considérables ont été faits récemment, notamment grâce à la pétition déposée en 2021 (voir aussi le Magazine PRO VELO à paraître le 12 juin).
De fait, à en croire la nouvelle étude, la compagnie suisse se débrouille même très bien, puisqu’elle obtient, à égalité avec la SNCB, le nombre maximum de points. L’analyse de la Fédération européenne des cyclistes (ECF), qui a analysé 67 opérateurs ferroviaires, se concentre «sur le transport à bord des wagons de vélos non démontés et non pliés dans les trains longue distance», au sens de non-urbain, non-suburbain et non régional, expliquent les auteurs. Les critères pris en compte sont à la fois physiques (la place disponible pour les vélos, mais aussi les offres de vélos en libre-service) et liés aux services – coûts, méthodes de réservation, langues disponibles et fonctionnalités du site web ou de l’application.
«Critères limités et spécifiques»
Les liaisons régionales ne sont donc pas prises en compte dans ce classement, pas plus que la qualité des emplacements (crochets, marches pour entrer dans le train, etc) ou celle des offres de remplacement en cas d’interruption de ligne.«Le classement présenté dans ce rapport est basé sur des indicateurs limités et spécifiques, expliquent les auteurs. Il ne prétend pas évaluer la qualité des services en dehors de ce champ.»
Après décomptes des points engrangés dans les différentes catégories, trois compagnies sont jugées excellentes: les CFF et la SNCB en obtiennent 88– sur 100. En troisième position, la compagnie MÁV-START (Hongrie) engrange 82 points. Parmi les opérateurs considérés comme «bons» figurent la Deutsche Bahn (Allemagne), České Dráhy (Tchéquie), NS (Pays-Bas), ÖBB (Autriche), ou encore la SNCF (France).
Dix places vélos en moyenne
Dans le détail, les CFF ont marqué des points en particulier avec l’augmentation du nombre de places disponibles. En moyenne, les trains concernés proposent au moins dix espaces vélo (pour une moyenne européenne de quatre). Les performances du site web et l’application mobile des CFF sont également soulignées. Rappelons que ces dernières ont été grandement améliorées grâce – notamment – aux pressions de PRO VELO. En revanche, les CFF perdent des points parce que le transport vélo n’est pas gratuit et parce l’offre de vélopartage reste en retrait par rapport à d’autres compagnies comme NS (Pays-Bas).
«Le résultat, dont nous sommes heureux, nous encourage à continuer d’améliorer le transport des vélos dans le train et la mobilité combinée avec le vélo pour notre clientèle, réagit le porte-parole des CFF Frédéric Revaz. D’ici fin 2027, nous prévoyons notamment d’installer 560 places supplémentaires pour vélos dans les 106 voitures de la flotte existante.»
Quant aux lacunes concernant les vélos en libre-service, le porte-parole précise que «la collaboration avec nos partenaires, qui a fait ses preuves, nous permet de tester avec eux de nouveaux modèles.» Les CFF relativisent aussi la question du coût des billets, qui «n’a pas été corrigé en fonction du pouvoir d’achat et qui ne représente pas, selon le rapport, un problème de nature à dissuader de transporter son vélo dans le train. De plus, la carte journalière CFF pour vélo comprend plus de prestations que de nombreuses offres d’autres chemins de fer. En outre, il n’est pas tenu compte du fait que nous proposons également des billets à prix réduit.»
Pour Marie Métrailler, responsable de la mobilité combinée chez PRO VELO Suisse, «cette étude montre que les investissements consentis par les CFF portent leur fruit, surtout en ce qui concerne la dimension digitale. L’application des CFF est un outil apprécié et performant, désormais par les cyclistes.»
Nouveau règlement européen
L’ECF rappelle que, depuis juin 2025, un minimum légal de quatre emplacements vélo par train neuf ou rénové est obligatoire en Union européenne. L’Espagne, où le transport de vélos n’est pas autorisé dans les trains à grande vitesse, a annoncé vouloir améliorer la situation, se réjouissent les auteurs. C’est d’autant plus nécessaire que des solutions de rechange par trains régionaux sont inexistantes, contrairement à ce qui prévaut en France ou en Italie.
L’ECF constate certes une «tendance à l’amélioration, surtout sur les lignes classiques», mais regrette que les trains à grande vitesse et de nuit restent largement à la traîne pour le transport des vélos. L’organisation appelle les compagnies à aller au-delà du minimum légal pour répondre à la demande croissante. «Il reste encore beaucoup à faire, concluent les auteurs, pour exploiter pleinement le potentiel de la mobilité vélo-train.»
https://www.pro-velo.ch/fr/pro-velo/actualites/article/velotransport-die-sbb-hat-die-nase-vorn